Artiste invité en résidence de création au printemps 2025 dans le cadre du programme Sillages.*
Jean Claude JOLET est né en 1958 à Paris. Après des études et une carrière technique en métropole, il décide de vivre à la Réunion et démarre en 1999 une démarche artistique axée sur le volume.
A l’écoute de l’humain et de son environnement, le travail de Jean Claude Jolet questionne, depuis une douzaine d’années, les pratiques culturelles, cultuelles ou artisanales du monde qui l’entoure. Ses travaux sont des propositions métaphoriques qui déplacent et brouillent les identités en passant par le principe d’acculturation. L’artiste aime à propulser certains objets ou savoirs faire du quotidien dans un espace intermédiaire de frottements culturels. Le résultat donne des installations ou les symboliques des pièces, semblent ne pas avoir d’ancrage précis, un syncrétisme de formes et de sens opère pour activer la curiosité du spectateur.
Étant avant tout sculpteur, Jean Claude Jolet donne à la matière, et à l’échelle, un sens profond pour l’appréhension de son travail de volume. Même si certaines pièces sont fabriquées pour souligner un engagement politique ou sociétal, elles restent sculptures dans leur définition.
Tsunami d’impatiences laminaires…
Lors de sa résidence de création sur la côte de granit rose au printemps 2025, le choix de Jean-Claude Jolet s’est arrêté sur l’Île grande, d’abord parce que c’est une île ou presque, mais surtout parce qu’on y trouve des vestiges de métiers artisanaux comme l’extraction de granit ou la récolte des goémons. Pour l’artiste réunionnais, l’algue laminaire récoltée ici a une résonnance toute particulière : sa symbolique a été employée par le poète et écrivain martiniquais Aimée Césaire dans son recueil de poésie intitulé Moi laminaire. Le poète se compare alors à cette algue pélagique ballottée par flots, s’attachant à son rocher, s’échouant sur des rivages…
Sensible à la géologie et au tellurisme, il a de plus été séduit par le site de l’allée couverte, monument du néolithique qui s’est imposé à lui par sa présence massive et la notion d’ancrage ancestral et de sérénité qu’elle dégage.
La pièce proposée par Jean-Claude Jolet sur le site de Ty Lia est composée de deux ensembles. Le premier orne l’allée ouverte d’une parure de vitraux précaires, présentant une interprétation des cartes à bâtonnets des îles Marshall, ouvrages artisanaux faits de tiges de palmiers et de coquillages servant à la navigation des piroguiers dans les archipels du Pacifique. L’autre volume prend place dans l’herbe devant l’allée couverte. Il s’agit d’une table rustique ou sont entassées des valises comme un tumulus, recouvertes d’algues, et au-dessus comme une dalle, un nouveau panneau transparent propose une cartographie imaginaire…
L’œuvre crée une dualité manifeste entre la pérennité ostentatoire du mégalithe et une installation faite de matériaux contemporains fragiles, évoquant la précarité liée au nomadisme et à la migration, thèmes récurrents dans le travail de l’artiste.
Lieu : promenade de la plage de Tresmeur
Accès : parking sur site / Accès PMR
A découvrir à proximité : tour de l’Île Grande (7,5km/2h30), carrière du Lion et statue, rocher du Corbeau
*Sillages est un dispositif de coopération interrégionale favorisant la résidence, la production et la diffusion multi-sites d’œuvres. Il est produit avec le concours de Lannion Trégor Communauté, le Réseau documents d’artistes, Documents d’artistes La Réunion, Documents d’artistes Bretagne, La Station Culturelle, Finis terrae – Centre d’art insulaire, le cneai = Centre d’art et bénéficiant du soutien du ministère de la Culture.”